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mercredi 17 janvier 2018

Si c'est le bonheur que tu cherches



Si c'est le bonheur que tu cherches,
Supporte d'abord la souffrance.
Sans avoir goûté aux larmes,
Tu n'apprécierais pas le rire.


Chengawa Lodrö Gyaltsen, Tibet, 1402-1472 1







Hokusai








    On tend vers le bonheur et on fuit ou on éprouve de l'aversion envers la souffrance. C'est quelque chose d'assez naturel : tous les êtres sensibles font cela. Néanmoins, la recherche du bonheur, si elle veut être efficace, ne peut pas faire l'économie d'affronter en face la douleur. Dans la Soûtra de Tous les Obstacles, le Bouddha dit qu'il y a plusieurs moyens de venir à bout des obstacles et des impuretés quand on a pour objectif de parvenir à la « cessation de la souffrance » :
  • par la vision juste
  • par le contrôle
  • par l'usage adéquat de nos moyens,
  • par l'endurance,
  • par l'évitement,
  • par l'élimination,
  • par le développement.


     Une de ces méthodes est donc l'endurance comme l'exprime le Bouddha dans le Soûtra de Tous les Obstacles : « Quelles souillures, ô moines, devraient être abandonnées par l'endurance? Ici un moine, discernant de manière juste, supportant le froid et la chaleur, la faim et la soif, et le contact avec les taons, les moustiques, le vent, le soleil et les serpents; il endure les paroles néfastes, les mots méprisants et l'apparition des sensations corporelles douloureuses, déchirantes, perçantes, désagréables, angoissantes, et menaçant la vie. Alors que les obstacles oppressants et irritants pourraient apparaître chez celui qui n'endure pas de telles choses, chez quelqu'un qui les endure, ces obstacles oppressants et irritants n'apparaissent pas. Ce sont les obstacles qui devraient être vaincus par l'endurance ».


        Endurer la douleur et rester stoïque par rapport à elle est par moment une nécessité. Notamment envers les souffrances qu'on ne peut éviter : la maladie, la vieillesse, l'agonie, le chaud, le froid, etc... Il faut pouvoir dans ces moments-là regarder la souffrance en face et lui tenir tête. Ce n'est pas quelque chose d'évident. Cela demande une grande maîtrise de soi. Mais si on passe sa vie à fuir la souffrance, on ne connaître jamais le véritable bonheur. On ne peut pas constamment échapper à cette souffrance. En fait, plus on tente d'échapper à la douleur, plus celle-ci nous hante et nous rend la vie impossible. À un moment donné, il faut prendre le courage de rester dans le grand feu de la douleur. Il faut prendre conscience de la souffrance de l'instant présent et la laisser repartir. Quand on est animé par la bienveillance et la compassion, alors on est moins en lutte avec le monde. On peut commencer à entrevoir ce qui au-delà de la souffrance. On peut alors passer des larmes au rire, un rire doux envers le monde et l'existence.












1 Shabkar, in bka' gdams sprul pa'i glegs bam, fol. 177B, cité sur le site de Matthieu Ricard : http://www.matthieuricard.org/pensees/73.









Matthieu Ricard








Voir aussi : 




La vision juste des phénomènes (strophes du Dhammapada sur les 3 sceaux du Dharma)
















Tim Kemple, "Un pays gelé dans le temps", Langtang, Népal.






Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.



Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.



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