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vendredi 7 juillet 2017

Nous qui ne sommes rien






Nous qui ne sommes rien








        La semaine passée, j'ai été profondément choqué par cette petite phrase que le président Emmanuel Macron a sorti lors de son discours pour l'inauguration de Station F : « Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». J'ai trouvé horrible cette façon de séparer le monde entre des gens qui ont la réussite et l'argent pour eux, et ceux qui ne sont rien, qu'on ne voit pas, qui ne comptent pour rien dans le devenir du monde, qu'on peut mépriser à l'aise. Ce déni de la dignité humaine est insupportable. D'autant que cela laisse présager une politique qui écrase les moins nantis dans la société pour garantir toujours plus de profits aux patrons et aux entrepreneurs dans le vent.


        Suite à la controverse qui s'est déclenchée après la mise en évidence de cette petite phrase, les macroniens ont répliqué en disant qu'il fallait écouter tout le discours, que cette phrase ne peut pas être sortie simplement de son contexte. Il est vrai que ce contexte mérite d'être mentionné pour essayer de saisir ce que voulait vraiment dire Emmanuel Macron. Ceci étant dit, je ne suis pas certain que cela éteint complètement la controverse.


       Je mets donc en lien deux vidéos de cette inauguration de Station F : une première assez courte, une autre plus longue du discours complet d'Anne Hidalgo, maire de Paris, et d'Emmanuel Macron pour s'assurer que le contexte soit pleinement restitué. Puis je me livrerai à deux interprétations de ce discours : une interprétation généreuse qui va dans le sens des macroniens et qui lisse la polémique, et puis une interprétation plus sévère qui émet des doutes face aux belles paroles du président. Je précise que j'ai attendu quelques jours avant d'écrire cet article pour ne pas l'écrire sous le coup de la colère.






























       Quelques mots tout d'abord sur Station F. Station F est le projet du grand patron Xavier Niel. C'est conçu comme un campus d'entreprises et de start-up. L'idée est d'aider des jeunes à créer leurs entreprises et d'insuffler un nouvel esprit d'entrepreneuriat dans la société française. Mais cela reste extrêmement libéral : certains vont réussir et se développer, d'autres projets sombreront avant d'avoir pu se développer. Station F se trouve dans l'ancienne halle Freyssinet, un immense bâtiment ferroviaire construit dans les années 1920 dans le 13e arrondissement de Paris. D'où l'allusion d'Emmanuel Macron aux gens qui passent dans la gare.


    Qu'a donc dit exactement le président Macron ? Il commence par raconter qu'il comptait abandonner la politique il y a trois ans, mais a fini par « pivoter le business model ». L'assemblée, totalement acquise aux bienfaits du libéralisme économique, rit et applaudit. Le sous-entendu est clair : Macron s'est lancé dans une autre entreprise, la conquête du poste de président. Au passage, on remarquera que ce poste fait partie lui-même d'un business, la France n'étant finalement aux yeux d'Emmanuel Macron qu'un boîte comme les autres. C'est à quoi aspire le capitalisme mondialisé : réduire les États modernes à de simples entreprises cotées en Bourse. Et à ce niveau, Emmanuel Macron est très en phase avec les exigences des grandes multinationales et des banques internationales pour lesquelles il a travaillé.


     Ensuite, il décrit la mentalité entrepreneuriale : « Beaucoup de gens ont décidé d'écrire ma vie, mais moi, j'en ai décidé autrement. Ce qui nous réussit ici, c'est que vous en voulez pas qu'on écrive votre vie et la vie de votre pays à votre place. C'est ça, être entrepreneur ». On pourrait discuter longtemps du bien-fondé de ce volontarisme du créateur d'entreprise. Est-ce que créer à sa petite entreprise est le seul moyen d'écrire sa vie et la vie de son pays ? J'en doute un petit peu. Que fait un artiste ? Que fait un militant politique ? Que fait l'activiste d'une ONG ? Que fait aussi le pratiquant d'une voie spirituelle qui s'exerce constamment à changer son point de vue sur les choses, qui s'exerce constamment à faire rayonner l'amour et la bienveillance autour de lui, à s'éveiller à la véritable nature des choses et qui contribue à éveiller les autres ?


    Par ailleurs, on peut aussi douter que la volonté de l'entrepreneur soit complètement libre : un entrepreneur pour réussir ne doit-il pas suivre les exigences du marché ? Est-ce que la loi de l'offre et de la demande n'est pas un loi d'airain à laquelle l'entrepreneur doit se soumettre ? Bien sûr, la société de consommation arrive à créer de la demande pour des objets dont on n'a pas fondamentalement besoin, mais la caractère aléatoire de l'engouement pour tel ou tel gadget technologique permet-il vraiment à la volonté de s'exprimer et de changer le destin que la société ou le marché a tracé pour nous ?






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       Ensuite, le président de la République ajoute : « Ce qui nous réunit ici, c'est une ambition incommensurable. Pas forcément gagner de l'argent (ce n'est pas tout ce qui compte, même si il ne faut pas en avoir honte, je l'ai souvent dit, on me l'a parfois reproché). Réussir, c'est aussi réussir dans sa vie personnelle, faire réussir les autres, combler des inégalités, donner un destin à des gens qui n'en avait pas, choisir le mode de réussite pour ceux et celles qu'on aime ».



     Interprétation généreuse : voilà, on voit bien que qu'Emmanuel Macron ne pose pas la réussite seulement en terme du succès d'une carrière ou de gain d'argent. Même si c'est important pour lui, voire essentiel. On se souvient de lui professant que les jeunes devaient avoir l'ambition de devenir milliardaires. Si on est un tant soit peu kantien, on se demandera volontiers comment on pourrait universaliser cette maxime : comment tous les jeunes pourraient-ils devenir tous milliardaires en même temps ? Le nombre de milliardaires dans le monde est dérisoire par rapport au nombre d'êtres humains qui peuplent la Terre. Et si tout le monde devenait milliardaire, cela signifierait une dévaluation considérable de l'économie. Il faudrait deux milliards d'euro pour acheter une banane. Le mot de « milliardaire » n'aurait dès lors plus aucun sens.


       Mais l'argent n'est pas tout. Même Emmanuel Macron le reconnaît. La réussite a plusieurs facettes. Montaigne faisait la différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie. Emmanuel Macron semble accepter cette distinction. Par ailleurs, la réussite comporte aussi l'altruisme, l'envie d'aider les autres, l'envie de donner aux autres un destin. L'entrepreneur est donc une force positive pour la société : il n'est pas seulement l'égoïste que dessinait la théorie économique classique. Mais il s'inscrit dans une dimension éthique qui prend en compte le sort des autres.




   Interprétation sévère : cette façon d'invoquer l'altruisme et la prise en compte de l'intérêt des autres n'est jamais qu'un slogan publicitaire destiné à faire passer la pilule d'un capitalisme sauvage et décomplexé. Les gourous du management n'ont que le mot « éthique » à la bouche, mais c'est uniquement pour mieux faire vendre leurs produits ! Au XIXème siècle, les patrons pratiquaient un capitalisme sans pitié envers la classe ouvrière, mais leurs épouses servaient souvent comme « dames patronnesses » et faisaient la charité aux démunis et aux ouvriers sans le sou, brisés par les cadences infernales, les blessures et la maladie que le travail de forçat exigeait. En fait, tous les régimes au pouvoir tentent d'accaparer l'image du Bien : pour régner, il faut avoir l'image et l'apparence d'être du côté des bons, des gentils, des justes, être dans « l'axe du Bien » comme disait George Bush fils. Mais comme Nicolas Machiavel nous l'a appris, ce n'est jamais qu'une image et une apparence que les princes et les puissants de ce monde utilisent pour conforter leur pouvoir. Et aujourd'hui, les « princes et les puissants de ce monde », ce sont les capitaines d'industrie, les banquiers et les dirigeants des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), auxquels il conviendrait ajouter quelques uns comme Bill Gates de Microsoft, Elon Musk de Paypal et de Tesla ou Xavier Niel, fondateur de Free et de la Station F...


         Tous ces gens de pouvoir ont un intérêt pressant à passer pour de gentils philanthropes. J'ai vu une interview de Xavier Niel pour préparer cet article où ce dernier expliquait qu'au lieu de voir augmenter ses impôts, il préférait être généreux par lui-même et créer une structure comme Station F. Le problème est quand il paie des impôts, l'argent de Xavier Niel va à des choses pas très stimulantes (pour Xavier Niel) comme des hôpitaux, la construction de route ou le salaire des profs dans l'éducation... Cet argent disparaît et Xavier Niel ne sait pas à qui il profite, et il ne peut même pas se vanter d'avoir contribué au bien commun, puisque c'est la loi. En se faisant mécène de Station F, Xavier Niel sert sa propre cause, il redore son blason, tout le monde vante sa générosité. C'est tout bénef' pour lui. En plus, il pourra garder un œil vigilant sur les projets de start-up et d'entreprises qui ont vraiment une chance de décoller. C'est donc un avantage stratégique considérable s'il veut rentrer dans leur conseil d'administration ou créer des synergies avec ses propres entreprises.





Emmanuel Macron et Xavier Niel
Photographie : Sébastien Valiela







     On peut se demander aussi si c'est vraiment à des particuliers de « combler les inégalités ». Est-ce que ce n'est pas à l’État ou à la société civile d’œuvrer à la justice sociale plutôt que des chefs d'entreprise dont le rôle est d'assurer la pérennité et la croissance de leurs propres entreprises ? Est-ce que ce n'est pas le rôle de la politique ? Est-ce qu'un chef d’État comme Emmanuel Macron n'est pas là pour résoudre les inégalités plutôt que de confier cette tâche à de futurs dirigeants de start-up ?


         Par ailleurs, la formule « donner un destin à ceux qui n'en ont pas » est jolie, mais n'est-elle pas franchement paternaliste ? Tout d'abord, tout le monde a un destin, pas nécessairement un grand destin ou le destin qu'on souhaite. Mais aussi petit soit-il, chaque destin, chaque vie humaine a sa dignité. Emmanuel Macron tel cet astre solaire jupitérien est certainement trop haut pour voir ces micro-destins ; mais ils sont là, ils existent et ils ont leur dignité. Donner un destin à des gens qui ont donc déjà un destin est-il vraiment une bonne chose ? Est-ce que ce n'est pas une manière condescendante de priver les pauvres, les sans-grades de la responsabilité et de l'honneur d'assumer leur destin, les luttes qu'ils ont à mener et des moments de joie que l'existence leur laisse en cadeau ? Est-ce que ces petites gens doivent tout à un gentil entrepreneur plein de morgue et de suffisance ? J'en doute sincèrement.


          Enfin, la formule « choisir le mode de réussite pour ceux et celles qu'on aime » n'est-elle aussi très contestable ? On peut comprendre qu'un patron ou un entrepreneur ait envie de mettre sa famille à l'abri des difficultés de la vie. C'est très humain et très compréhensible. Mais choisir le mode de réussite pour ses proches, est-ce que ce n'est pas une forme de violence sociale ? Je veux dire que le fils d'un patron n'a pas nécessairement envie de devenir lui-même patron de l'usine de papa. Peut-être qu'il veut devenir peintre, plombier, footballeur, poète ou moine bouddhiste... On peut choisir quelle style de vie nous convient pour réussir notre vie, mais c'est un abus de pouvoir de vouloir régenter la vie des autres, aussi proches soient-ils, et de savoir mieux qu'eux quel mode de réussite leur convient.







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         Ensuite, Emmanuel Macron poursuit son discours : « Les entrepreneurs, les chercheurs, les patrons ne pourront pas réussir seulement pour eux-mêmes. Ce temps fini, ce temps où il fallait être dans les mêmes écoles, les mêmes clubs. On pouvait fermer la porte du club et dire : « c'est bon, on est dedans ». Ces murs ont explosé. Les gens qui ont réussi ont en même temps un devoir. Mais ce devoir-là, ce n'est pas l’État qui l'imposera par des règles, des impôts, des normes. C'est à vous, entrepreneurs, de la porter. C'est la part de création que vous allez apporter à cette société. Tout ce que l’État porte, vous le partagez. La capacité à faire réussir chacune et chacun dans et par le numérique et l'innovation. C'est la même responsabilité que le celle du gouvernement : la responsabilité qui consiste à former chacun et chacune, la responsabilité, celle qui consiste à faire réussir ceux qui viennent du plus loin de la réussite, la responsabilité qui consiste à penser à chaque seconde que sa réussite oblige quand d'autres sont plus démunis, quand une partie de la planète vit dans la précarité écologique ».



         Interprétation généreuse : Bon ben voilà, encore une confirmation évidente de la dimension altruiste de monsieur Macron. Il ne faut pas réussir seulement pour soi-même ou sa classe sociale. Le temps où les postes de direction était réservé à des jeunes issus des bonnes familles, du bon milieu social et qui allaient dans les mêmes écoles est révolu. Place à la fluidité sociale, place aux gens porteurs de réelles innovations. Mais de la même façon que la réussite n'est plus cantonnée à une classe sociale privilégiée, les bienfaits de la réussite ne doivent pas bénéficier seulement à soi-même, à sa famille ou à l'entre-soi de son milieu social. La réussite oblige, la réussite contraint l'entrepreneur à assumer ses devoirs et ses responsabilités envers autrui, envers la société et envers la sphère de la Nature. C'est fini le temps où on attendait tout de l’État. Soyons modernes ! Vive la volonté libre et responsable de l'entrepreneur !




         Interprétation sévère : cet altruisme, ce sens du devoir et de la responsabilité envers autrui a effectivement l'air d'être une bonne chose. Mais ce rappel de morale est-il vraiment pertinent ? Est-il autre chose qu'un effet de discours ? Après tout, on a toujours une responsabilité morale : même si on a raté complètement son ascension sociale, on a quand même des devoirs et des responsabilités envers autrui : les membres de sa famille, ses amis, les gens dans la rue, notre prochain...


           Par ailleurs, on peut légitiment remettre en question cette propension à abandonner des tâches essentielles de l’État à des organismes privés. Est-il vraiment souhaitable que l'on dépende poings et pieds liés d'institutions de charité sponsorisés par Coca-Cola, Free ou Apple ? Est-il souhaitable que la formation et que l'enseignement soient gérés par des groupes privés ? Ces organismes vont évidemment organiser l'éducation de façon à ce que cela soit profitable aux multinationales qui les possèdent. Par exemple, n'enseigner que les compétences utiles à l'usine ou la firme, ce qui rendra le jeune travailleur incompétent et incapable de s'adapter pour une autre entreprise. Ou refuser d'enseigner des savoirs et des connaissances qui peuvent un rôle dans la citoyenneté et la compréhension des enjeux politiques. Je pense aux cours d'Histoire, de philosophie, de citoyenneté qui ne sont pas jugés utiles par ceux qui ont intérêt à employer des ignorants et des illettrés incapables de comprendre les enjeux des luttes sociales en cours, et qui seront donc de bons moutons dans le système économique. On sait que la privatisation de l'enseignement est une volonté qui excite l'appât du gain des milieux financiers depuis longtemps déjà.


        Enfin, si les start-up et les entreprises high-tech peuvent effectivement créer de l'innovation pour les énergies renouvelables et des alternatives plus écologiques, de manière générale, le monde produit des technologies de plus en plus envahissantes et polluantes. Peut-être qu'on augmente l'efficacité énergétique de quelques produits, mais comme on achète de plus en plus de produits, l'impact environnemental ne cesse de croître. Donc on peut douter sérieusement de la capacité des entrepreneurs à s'auto-réguler et à nous garantir plein de justice sociale et des mesures super eco-friendly. L’État doit impérativement conserver un rôle central dans la régulation et la modération des appétits des grands groupes financiers. N'en déplaise à monsieur Macron qui ne veut surtout pas imposer des lois, des règles et de nouveaux impôts aux entrepreneurs dans le vent, comme le disait le père Henri Lacordaire au XIXème siècle : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit ».


          En clair, si on laisse aux entrepreneurs la liberté de faire ce qu'ils veulent, peut-être feront-ils ou créeront-ils de temps en temps quelque chose de bien, mais la plupart du temps, ils se contenteront de ne faire que ce qu'ils ont envie et de défendre leurs intérêts économiques et financiers. Ils ne protégeront le pauvre et l'environnement que pour épater la galerie, faire un coup de com' et du greenwashing au passage.




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           Et enfin, le président Macron de prononcer la phrase tant contestée qui lui vaut maintenant tant de critiques acerbes aujourd'hui : « Ne pensez pas une seule seconde que si demain vous réussissez vos investissements ou votre start-up, la chose est faite. Non, parce que vous aurez appris dans une gare (Station F), et une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien. C'est un lieu où on passe et un lieu où on partage, parce que la planète où nous vivons aujourd'hui, parce que cette ville, parce que notre pays, parce que notre continent, ce sont des lieux où on passe. Si nous oublions cela en voulant accumuler dans un coin, on oublie d'où on vient et où va ».



         Interprétation généreuse : sorti de son contexte, la phrase peut sembler contestable. Mais remise dans son contexte, on comprend que cette incitation à ne pas « accumuler dans son coin » de manière égoïste et individualiste. On ne peut pas réussir si on laisse toutes sortes de gens sur le bord de la route. Quand on conscience que tout n'est que passage dans ce monde, on ne peut pas s'enfermer dans sa réussite individuelle, ce serait aller à rebours du sens de la vie.


        Certes, la phrase était peut-être maladroite. Il serait peut-être intéressant de savoir comment le discours a été préparé dans les coulisses. Visiblement, Emmanuel Macron ne lit pas un texte sur un papier ou sur un prompteur. Il se tient sur une estrade au milieu de la foule et se tourne fréquemment pour faire face à l'ensemble de l'auditoire massé là. Il est peu qu'il ait appris son texte par cœur comme un comédien qui entrerait en scène. Le plus probable est qu'il a discuté des grandes lignes directrices avec son staff et ses conseillers en com', mais qu'il a improvisé l'essentiel du discours. D'où la phrase malheureuse des gens qui ont réussi et des gens qui ne sont rien.



        Interprétation sévère : cette phrase sonne plutôt comme un rappel de la situation précaire et fluctuante d'un patron d'entreprise. Vous avez peut-être réussi aujourd'hui, mais votre capital risque de vaciller sous le coup de fluctuations boursières ou parce qu'un concurrent a innové plus que vous et a présenté un produit révolutionnaire qui vous renverra dans l'ombre. Rappelez-vous que vous être dans l'ombre aujourd'hui et que, peut-être, vous serez dans l'ombre demain. Regardez tous les pauvres gens autour de vous, ceux que vous dédaignez, ceux qui ne sont rien. Et si vous ne voulez pas finir comme eux, bougez-vous, « bousculez tout » comme le dit le président plus loin, battez-vous pour rester le meilleur, le plus performant, le plus compétitif sur le marché. N'accumulez pas dans un coin, n'épargnez pas alors que vous pouvez investir et rester en pôle position dans le monde. Sachez que vous venez de la Station F, un « incubateur de talents » et que vous êtes destinés à gagner et à innover en permanence.


     
        Vu comme cela, on comprend mieux que cette petite phrase « dans une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien » peut avoir de condescendant et de méprisant pour les classes populaires, pour les anonymes et les travailleurs qui font vivre le système, mais qui le subissent tous les jours.






Frédéric Leblanc, le 7 juin 2017







Emmanuel Macron et Anne Hidalgo pour le discours d'inauguration de Station F









Voir également : 










(à propos de la citation d'Honoré de Balzac : "La résignation est un suicide quotidien")








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