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mercredi 31 décembre 2014

La voix des gouttes de pluie

La voix des gouttes de pluie de maître Kyosei


Lorsque, sans penser,
Seulement j'écoute
Une goutte de pluie
Au bord du toit,
C'est moi

Tout son qui atteint mon oreille
Est une voix.
Là, à l'instant,
C'est mon ami !
Il n'est rien qui ne me parle.

Dôgen Zenji (1200-1253), Sanshô Dôei, Les chants de la Voie du Pin Parasol, 12 & 13.




Ogata Gekko (Japon, XIXème siècle)




     Toutes les manifestations du monde phénoménal sont vides et illusoires, nous dit le Soutra du Cœur : la forme est vide. Pourtant, ce vide se manifeste en tant que formes variées à notre entendement et à notre sensibilité : le vide est forme. Vide et forme se révèlent indissociables : la forme n'est autre que le vide ; le vide n'est autre que la forme. Les maîtres du bouddhisme Zen en tirent la conclusion qu'il faut se mettre à l'écoute du monde phénoménal. Écouter pleinement, percevoir pleinement. Car la perception la plus banale est riche d'enseignement pour qui sait écouter. Mais pour cela, il faut pouvoir écouter quand on écoute, pouvoir voir quand on voit, pouvoir toucher quand on touche. Le mental parasite en effet notre perception en faisant toutes sortes de commentaires sur ce que l'on perçoit par les sens, en alimentant un discours incessant et en émettant des jugements à tout bout de champ sur tout et n'importe quoi. La méditation bouddhique doit nous ramener à cette capacité à s'installer pleinement dans la perception en-dehors des bruits de fond que le mental surimpose constamment dans notre expérience de la vie de tous les jours. Comme le Bouddha l'enseigne à l’ascète Bâhiya :
            «  Vous devez vous entraîner ainsi :
             dans l’acte de voir, qu’il n’y ait que le simple acte de voir,
             dans l’acte d’entendre, qu’il n’y ait que le simple acte d’entendre  
            dans l’acte de sentir, qu’il n’y ait que le simple acte de sentir,
            dans l’acte de connaître, qu’il y n'ait que le simple acte de connaître.
            C’est comme cela, ô Bâhiya, que vous devez vous entraîner ».


   Par cette discipline, on peut retirer un enseignement de chaque chose qui traverse notre perception. On peut se mettre à l'écoute de ce que la nature a à nous apprendre : « Tout son qui atteint mon oreille est une voix ». On peut voir l'illusion qui installe cette dualité entre moi et la nature, entre moi et une goutte d'eau qui goutte du toit de l'ermitage.











Voir aussi le Commentaires au Genjōkōan - 3ème partie ici.

Voir le Soutra de Bâhiya dans son entièreté ici.



Autour de Dôgen Zenji sur Le Reflet de la Lune :

Commentaires au Genjôkôan:
1ère partie   2ème partie   3ème partie 4ème partie

Genjôkôan: - étudier la Voie du Bouddha 
                   - éveil et reflet de la lune

Sanshô Doei : - la voix des gouttes de pluie
                          - Adoration
                          - Trésor de l'Œil du Véritable Dharma


Poèmes chinois de l'Eihei Kôroku:
     - Sur mon portrait

Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour du Chan et du Zen ici: 

Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.

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