Pages

mardi 19 août 2014

Que lentement passent les heures

Que lentement passent les heures
Comme passe un enterrement

Tu pleureras l'heure où tu pleures
Qui passera trop vite
Comme passent toutes les heures.

Guillaume Apollinaire, A la santé, V, Alcools, septembre 1911.




Tout n'est pas rose ce soir... (Liège, Belgique)

    
 L'ennui envahit parfois nos existences, à tel point que le temps semble de manière irritante suspendu. On voudrait alors que le temps passe, on voudrait tuer le temps, faire qu'il fasse disparaître cet instant présent, cette heure présente qui ne passe pas, suspendue dans la morosité. Pourtant, ce sentiment de lourdeur et de lenteur s'accompagne du temps qui défile et fait tout disparaître, qui engloutit tout à grande vitesse. Quel absurdité est-ce donc que ce sentiment que le temps passe trop lentement dans le moment présent !

La méditation nous encourage à apprécier pleinement l'instant présent dans la pleine conscience, ne pas rejeter l'heure présente, à accepter ce qui fait l'ici et maintenant et à se réjouir de ce qui se passe présentement, même si rien de particulier ne se passe, car il se passe toujours le corps, il se passe toujours le va-et-vient de la respiration, il se passe toujours la sensation, il se passe toujours la conscience présente et vive dans l'instant. Voilà ce qu'il faut redécouvrir pour que « les heures ne passent pas lentement comme un enterrement ». Et méditer sur l'impermanence de tous les phénomènes, pour que, d'une part, conscient de la brièveté de la vie, on ne se mette pas à gâcher de surcroît l'instant présent en se lamentant sur sa lenteur, et que, d'autre part, on fluidifie notre flux de conscience, que l'on ne ressente plus l'instant présent comme une prison dans laquelle on viendrait s'engluer et que l'on soit apaisé par rapport au vertige du temps qui passe et qui anéantit tout sur son passage.
Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.

Photo: Jacques Wahle

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire