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mercredi 20 août 2014

L'ironie grinçante du destin

     Ennemis et proches sont impermanents. Un jour que le sublime Katyâyana1 mendiait sa nourriture, il rencontra un père de famille qui tenait un enfant sur ses genoux. Cet homme se régalait d'un poisson et lançait des pierres à une chienne qui en mâchait l'arête. Or, avec sa clairvoyance, le maître vit ceci : le poisson avait été le père de l'homme dans cette vie-ci, la chienne était la réincarnation de sa mère et un ennemi qu'il avait tué dans une vie passée avait pris renaissance, par un retour du karma, comme son fils. Et Katyâyana s'écria :

     On dévore son père et on frappe sa mère,
     On tient sur ses genoux l'ennemi qu'on tua ;
     Une femme mâchant les os de son époux...
     Devant le samsâra, l'envie me prend de rire !

     Dans cette vie, nous avons des ennemis mortels qui, plus tard, deviennent de bons amis, des parents ou des proches, nos relations les plus intimes. A l'inverse, on voit des gens de la même famille se haïr et se faire tout le mal qu'ils peuvent pour la moindre broutille, la moindre des possessions. On voit des époux et des proches qui, pour le motif le plus insignifiant et le plus fugace, deviennent ennemis et s’entre-tuent. Puisque n'importe quelle amitié ou inimitié est éphémère, répétons sans cesse qu'il faut traiter tout le monde avec amour et compassion.

Patrül Rimpotché, Le chemin de la grande perfection, éd. Padmakara, Saint-Léon-sur-Vézère (France), 1997,  pp. 89-90.



1Katyâyana était un des grands disciples du Bouddha.




à New-Delhi

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