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jeudi 2 janvier 2014

Je ne peins pas l’être, je peins le passage.

            Les autres forment l’Homme ; je le récite et en représente un particulier bien mal formé, et lequel, si j’avais à façonner de nouveau, je ferais vraiment bien autre qu’il n’est. Méshui, c’est fait. Or mes traits de ma peinture ne fourvoient point, quoiqu’ils se changent et diversifient. Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Égypte, et du branle public et du leur. La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant, d’une ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être, je peins le passage. 

Michel de Montaigne, Les Essais, livre III, chap. 2: « Du repentir ».







D'autres citations de Michel de Montaigne: 
- l'inutile dans la Nature

Les articles du Reflet de la Lune qui évoquent la figure de Michel de Montaigne: 
L'animalisme est-il un humanisme ? 
- Blaise Pascal, Epictète, Montaigne et la question du stoïcisme au XVIIe siècle.
Les animaux aussi intelligents que les hommes, voire plus intelligents qu'eux ?




Homeless man, de Lee Jeffries




Autres citations sur l'impermanence et la mort :
 - l'oubli de la mort (I, 6)
Méditer longuement l'impermanence
nonchalant de la mort comme de son jardin

Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.





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